Le pouvoir des métaphores
Instinctivement, quand on parle de métaphores, on pense aux Contes de Perrault, aux films de Disney, aux poèmes…à tous ces textes avec une morale ou un message caché.
Mais si on y regarde de plus près, les métaphores sont partout !
Lorsque vous parlez de la météo et que vous vous plaigniez « qu’il pleut encore comme vache qui pisse » ; lorsque vous debriefer d’une présentation client et que vous racontez comment « vous vous êtes battu(e) pour ce projet » ou que répétez pour la 10ème fois à votre enfant qui a vu une araignée sur le plafond de sa chambre que « c’est pas la petite bête qui va mangez la grosse ».
Finalement, une métaphore n’est rien d’autre qu’une association d’idées ; certes plus ou moins complexes, mais que votre inconscient sait parfaitement traduire et dont y raffole.
Et en Programmation Neuro Linguistique (PNL) et en coaching, on adore ça ! Pourquoi ?
Tout simplement car cela nous permet de transmettre une information, une piste ou même une solution, directement au cerveau de notre client tout en outrepassant ses barrières conscientes.
Vous me direz alors : hey, mais ça s’appelle de la manipulation, ça ! Et d’une certaine manière, vous n’auriez pas tort.
Mais n’oublions pas que nous répondons à une demande, un besoin clairement exprimé par notre client et que nous ne le faisons que dans son intérêt. Alors je ne dis pas que nul ne saurait utiliser la PNL pour son propre intérêt mais gardons en tête que cela reste une très forte minorité.
Mais revenons au sujet qui nous intéresse : le pouvoir des métaphores et plus particulièrement comment elles s’avèrent efficaces pour opérer un changement, produire un déclic, une réaction. Mais n’oubliez pas que je suis coach et donc loin de moi l’envie de vous faire une leçon théorique sur le sujet. Je préfère vous proposer quelques exemples pratico-pratiques et vous laisser comprendre par vous-même le champ des possibles qui s’offre à vous ; -)
LA GRENOUILLE QUI NE SAVAIT QU’ELLE ETAIT CUITE
Pour faire comprendre à quelqu’un qu’il s’est embourbé dans une situation « dangereuse » pour lui et qu’il doit réagir.
Une grenouille nage dans une marmite remplie d’eau. Un feu est allumé sous la marmite de façon à faire monter progressivement la température. La grenouille nage sans s’apercevoir de rien. La température continue de grimper, l’eau est maintenant tiède. La grenouille s’agite moins mais ne s’affole pas pour autant. La température de l’eau continue de grimper. L’eau est cette fois vraiment chaude, la grenouille commence a trouver cela désagréable, elle s’affaiblie mais supporte la chaleur. La température continue de monter, jusqu’au moment où la grenouille va tout simplement finir par cuire et mourir. Si la même grenouille avait été plongée directement dans l’eau à 50 degrés, elle aurait immédiatement donné le coup de patte adéquat qui l’aurait éjectée aussitôt de la marmite.
LA DEVIATION
Pour faire comprendre à quelqu’un qu’il existe d’autres alternatives.
(à raconter comme une histoire personnelle).
« L’autre jour, j’étais sur la route que je prends tous les matins pour aller au boulot depuis 5 ans et là, route bloquée par des travaux !
En pleine campagne, impossible de capter du réseau et de trouver un autre chemin sur Waze. Donc je jette un rapide coup d’oeil, décide de prendre à gauche et j’aperçois un petit chemin que je n’avais jamais vu jusqu’ici, juste à côté de la route que je prends d’habitude. Ce petit chemin était juste top : pas de circulation, j’ai traversé les vignes et j’ai même vu des écureuils ; et en plus, je suis arrivée à mon boulot avec 10min d’avance. Le temps pour moi de prendre un café tranquillement avant de commencer ma première réunion. Moi qui au début pensais que j’allais galérer, me perdre et arriver en retard, je peux te dire qu’au final, j’étais bien contente de me taper ces travaux. D’ailleurs, je me demande si je ne vais pas tenter de prendre à droite la prochaine fois pour voir si je ne trouve pas un chemin encore meilleur ! «
Ah et si vous (ou votre interlocuteur) ne prenez pas la voiture pour aller au travail, vous pouvez aussi raconter l’histoire de votre maman qui va toujours dans le même restaurant et commande toujours le même plat et le même dessert. Semaine dernière, pas de chance, après 3 ans, le chef a décidé de changer la carte. Elle a découvert un nouveau plat, encore plus savoureux….
LA RECETTE DE CUISINE
Pour faire comprendre….ba presque tout ce que vous voulez en fait.
Car comme en cuisine, il y en a pour tous les goûts, toutes les occasions.
Je ne doute pas que vous êtes de vrais marmitons, mais laissez-moi vous donner un avant-goût de tout ce que vous pouvez préparer.
– Pour travailler sur la notion d’équipe, de famille, de collectif : Je n’avais plus d’oignons, je me suis dit que ce n’était pas grave et j’ai quand même fait mes boulettes…au final, c’était fade.
– Pour faire appel à la créativité, l’audace : Je n’avais plus d’oignon, mais il me restait des petits piments. J’ai tenté le coup et franchement, ça a relevé le goût des boulettes. Et si vous êtes un fan des émissions culinaires, je pense que vous aurais pleins d’exemples à mixer.
– Pour valoriser l’importance d’être organisé : La recette disait de mettre les oeufs et la farine dans un récipient et le beurre et le chocolat dans un autre pour ensuite tout mélanger. Je me suis dit que cela ne servait à rien et j’ai tout mélangé d’un coup. Faut croire que ça devait avoir une utilité car mon moelleux était tout dur et sec. Vous pouvez aussi rappeler l’épisode du Diplomate de Rachel dans Friends.
– Pour parler de patience : L’autre soir, je suis rentrée du travail assez tard et j’avais une faim de loup. Rien dans le frigo, je sors une pizza du congélateur. Il y avait écrit 40min à 180°…impossible d’attendre si longtemps. J’ai décidé de mettre 20min à 200°.
Résultat, le dessus était cramé et la pâte n’était pas cuite. Et n’oubliez pas d’adapter votre recette à votre interlocuteur : Il raffole du chocolat, allez-y sur la recette du fondant ; plutôt cuisine française, partez sur le boeuf bourguignon, c’est un globe-trotter, direction les saveurs d’Asie ou d’Orient…
Je pourrais continuer encore longtemps, mais j’imagine que vous avez compris l’idée.
Que ce soit dans votre vie professionnelle ou personnelle, quelques mots bien placés peuvent être un grand remède. Autrement dit, plutôt que d’adresser votre message directement et de risquer de braquer la personne en face de vous, préférez utiliser une métaphore. Même si elle ne perçoit pas le message directement, son inconscient, lui, fera parfaitement le lien.
Maintenant, à vous de jouer avec les images, les mots, les sons…amusez-vous de voir comment une même métaphore peut être interprétée différemment d’une personne à une autre – d’où l’importance d’adapter votre histoire en fonction des préférences de votre interlocuteur.
Et soyez curieux(se) de constater comment les tournures que vous utilisez peuvent en dire long sur votre propre lecture de pensée.
👉 Un dernier petit conseil pour la route : le bon moment pour glisser votre métaphore est souvent celui qui est « hors contexte ».
Autrement dit, ne préciser pas directement à votre interlocuteur que vous allez lui proposer une métaphore pour l’aider dans son « problème » car cela risquerait d’activer ses barrières rationnelles. La puissance est dans le message caché, dans la subtilité. Donc pensez à faire preuve de finesse.
J’allais terminer mon article ici mais j’ai soudainement eu envie de vous en partager une dernière. Elle ne parlera certainement pas à tout le monde, mais j’imagine que les parents avec une jeune fille souriront en la lisant. C’est une métaphore que j’ai créée, il y a quelques temps, avant ma formation en PNL (comme quoi, nous utilisons tous des métaphores de manières instinctives), quand ma fille m’a demandé « maman, c’est quoi les règles ? ». Et voilà ce que je lui ai répondu dans les grandes lignes.
« Tu sais que sur les oeufs que nous achetons, il y a une date de péremption. Quand la date est dépassée, cela veut dire que nous ne pouvons plus les manger. Alors, nous devons les jeter. Et bien, quand une jeune fille grandit, elle a des petits oeufs qui viennent se mettre dans le bas de son ventre. Ces oeufs peuvent se transformer en bébé quand son amoureux lui envoie une petite graine magique. Mais ces graines aiment les oeufs bien frais. Quand ils sont trop vieux, et bien la magie n’opère pas. Alors, une fois par mois, ton corps leurs demande de partir pour laisser la place à des oeufs plus frais. Et le seul chemin pour eux, pour sortir de ton corps, c’est le même que celui qu’un bébé prend. Mais ils ne sont pas trop pressés de partir, alors leur périple peut prendre plusieurs jours. Et comme ils sont trop petits pour que tu puisses les voir mais qu’ils veulent que tu saches qu’ils sont bien partis, ils s’habillent d’une couleur rouge. Donc si un jour, tu vois un peu de rouge dans ta culotte, tu sauras que ce sont les oeufs qui te disent qu’ils ont bien fait leur travail. »